La révélation du Saint-Coran

 

Ancienne photo de la Mecque

 

Depuis son avènement, le Coran est et reste le livre le plus lu au monde.
Nous sommes au mois de Ramadhan de l'an 610. Le futur Prophète de l'islam, Mohamed ( paix soit sur lui ), a pris l'habitude de s'isoler pour médite dans une caverne proche de la Mecque, sur le mont Hira. Plusieurs semaines passent. Et puis, la nuit qui précède le 27 ème jour du mois, soudain, une apparition: un être de lumière.

Le prophète Muhammad s'isolait dans la grotte de Hirâ, fuyant l'adoration des idoles et se consacrant à Allah, avant de regagner les siens. Il revenait chez Khadija, s'approvisionnait et repartait, ainsi de suite jusqu'au moment où la vérité apparut dans la grotte.

Grotte de HIRA  


Ecoutons le récit du Prophète Mohamed (paix soit sur lui) lui même:" Il m'apprit qu'il était l'ange Gabriel, qu'ALLAH l'avait envoyé pour m'annoncer qu'il m'avait choisi pour son messager. L'ange m'apprit à faire mes ablutions, et lorsque je revins le corps purifié, il me demanda de lire. Je répondis:"Je ne sais pas lire".Il me pris dans ses bras et me serra très fort, et me laissant ensuite, il me demanda encore une fois de lire. Je lui dis:" Mais je ne sais lire". Il me serra de nouveau et plus fort, puis me demanda de lire,et je répondis que je ne savais pas lire. Il me prit dans ses bras pour la troisième fois et m'ayant serré encore plus fort qu'avant, il me lâcha et dit:
Lis au nom de ton Seigneur qui a crée! Qui a Crée l'homme d'une adhérence. Lis! Car ton seigneur est très-Généreux, qui a enseigné par le calame, qui a enseigné à l'homme ce qu'il ignorait"


Ce fut les cinq premiers versets révélés par ALLAH le Très Haut.
1. Lis au nom de ton Seigneur qui a créé!
2. Qui a créé l'homme d'une adhérence !
3. Lis! Ton Seigneur est le Très Noble!
4. Qui a enseigné par la plume [le calame]
5. A enseigné à l'homme ce qu'il ne savait pas.

Coran Sourate : 96-Al ‘Alaq
Ecoutez la sourate - Version Française


Et Gabriel disparu, laissant Mohamed (paix soit sur lui) en état de choc.

Le Messager d'Allah revint tout tremblant chez Khadija bint Khouwaylid disant : « Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! ». On l'enveloppa jusqu'au moment où se dissipa sa frayeur.
Alors il raconta à Khadija ce qu'il venait de vivre, en ajoutant : « J'ai crains pour ma vie ».
L'événement marque pour lui le début de la Prophétie, à 40 ans. Mais il devra attendre trois longues années avant que de nouveau la révélation divine le touche. Car il s'agit bien, comme son récit en témoigne, d'une révélation et non d'une simple inspiration d'écrivain. Le Coran, tout comme les autres textes sacrés reconnus tels (La Torah et L'Evangile par exemple) est "révélé" en ce sens précis qu'il est comme dicté mot à mot au Prophète Mohamed (paix soit sur lui), qui doit restituer fidèlement le message divin à son peuple.

Suite à cela Gabriel se manifesta une seconde fois comme le rapporte le hadith de Jabir ibn 'Abdullah :

Jabir ibn 'Abdullah a rapporté qu'il a entendu le Messager d'Allah dire :
« Alors que je marchais, j'entendis soudain une voix venant du ciel. Alors, levant les yeux, je vis le même ange qui m'était apparu à la grotte de Hira, assis sur une chaise entre le ciel et la terre. Je fus tellement surpris que je retournai (chez ma famille) et je m'écriai : Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! et on m'enveloppa. Alors Allah le Très Haut révéla les versets :

Ô, toi (Mohamed) ! Le revêtu d'un manteau ! Lève-toi et avertis. Et de ton Seigneur, célèbre la grandeur.
Et tes vêtements, purifie-les. Et de tout péché, écarte-toi ...

[Sourate 74 : versets 1/5 ]


Après trois ans de silence donc, les révélations reprennent, et s'étaleront dans le temps sur les vingt dernières années de Mohamed (paix soit sur lui), dont les dix dernières se dérouleront à Medine.En effet, le Coran n'apparaitra pas soudain d'un bloc, construit et définitif.Mais il se révèlera aux hommes par fragments, au gré des circonstances, apportant tel éclaircissement ou telle voie à suivre lorsque le besoin d'être guidé se fera sentir.
Pour autant, les lecteurs du Coran savent que celui-ci n'est pas une suite de versets sans queue ni tête, mais au contraire un ensemble homogène de 114 sourates. L'explication de ce mystère nous est donnée dans le Coran lui même " Nous avons fragmenté le Coran pour que tu ne le récites aux hommes que peu à peu, mais certes nous l'avons révélé". (Sourate 17,Verset 107).


Mohamed (paix soit sur lui) qui ne savait ni lire ni écrire, insiste d'abord auprès de ses compagnons pour que les versets soient appris par coeur au fur et à mesure des révélations, on les réciteras aux prières liturgiques.En particulier, le Prophète Mohamed (paix soit sur lui) a pris l'habitude, durant le mois de Ramadhan, de réciter la totalité du Coran alors connue, lors de prières supplémentaires, les prières du Tarawih.Sous la surveillance de Gabriel, la mémoire de Mohamed (paix soit sur lui) devenait "plus féconde que le vent portant la pluie".
Et pendant le dernier Ramadhan de Mohamed (paix soit sur lui).Gabriel lui fera réciter par deux fois la totalité du Coran, lui signifiant ainsi doublement l'achèvement de sa mission et sa mort prochaine.La tradition d'apprendre le Coran par coeur est donc bien ancrée dans le coeur des musulmans.
Mais les compagnons lettrés, prennent également l'habitude de noter les versets par écrit.
A partir de quelle date exactement,on ne le sait. Toujours est-il que cinq ans après la première révélation, des traces écrites existent déjà.Et de cela on est sûr, car c'est à cette époque que le futur Calife Omar, séduit par la lecture de la sourate 20, se convertit à l'islam.


Cette transcription du Coran, alors qu à cette époque, n existe que par écrit en langue arabe qu'un petit nombre de poèmes, trouve sonome toute son bien fondé dans le fait que la première révélation parle déjà de l'importance de l'écrit, de l'enseignement par le calme.
Tout comme le Prophète (paix soit sur lui) faisait réciter ses compagnons, il dicte aux scribes les versets, faute de papier (il n'est pas encore inventé) tous les matériaux sont bons: morceaux de parchemin, cuir tanné, tablettes de bois, omoplates de chameaux, morceaux de poterie, nervures médianes des dattiers ... Au fur et à mesure, les versets, comme un puzzle s'agenceront, le Prophète Mohamed (paix soit sur lui) précisant l'emplacement des versets dans les sourates, et des sourates dans l'ensemble du livre. En effet, si quelques fois, toute une sourate fut révélées d'un coup, à d'autre occasions, les fragements d'un même chapitre vinrent avec des intervalles, à d'autres encore, plusieurs sourates étaient commencées simultanément et se poursuivaient avec des interruptions.
Par le double contrôle oral et écrit, le Prophète (paix soit sur lui) s'assure de la conservation de l'intégrité du texte.Les mémoires défaillantes peuvent s'appuyer sur un texte écrit, et dans l'autre sens, les erreurs de copie sont corrigées grâce à la mémorisation du texte.


Ainsi, pas un iota du texte sacré ne pourra être modifié par erreur.
Lorsque le Prophète Mohamed (paix soit sur lui) quitte ce monde, plusieurs compagnons ont la chance d'avoir retenu par coeur la totalité des versets.Par contre, il n'existe pas de texte complet du Coran.Sur le coup, personne ne s'en émeut outre mesure.La bataille de Yamâma va faire prendre conscience de ce manque.
Là, cinq cents d'un groupe de trois mille musulmans de la première heure et comptant parmi les plus connaisseurs du Coran, trouvent la mort.Omar prend alors conscience du danger et s'en va trouver le Calife Abou-Bakar.
Les compagnons de l'envoyé d'ALLAH tombent à Yamâma à la façon de papillons dans le feu, et je crains qu'ils le fassent toujours s'ils rencontraient une occasion pareille de se faire tuer, cependant qu'ils sont porteurs du Coran. Ainsi le Coran sera perdu et oublié.Si tu le réunissais et le faisais écrire ?
Pendant les dernières années de sa vie, le Prophète (paix soit sur lui) employait de manière officielle des secrétaires, les uns pour les tâches courantes, d'autres pour la transcription de la révélation coranique.Le jeune Zaid ibn Thâbit faisait partie de ce groupe.Il était même devenu le scribe principal de Mohamed (paix soit sur lui) et comptait parmi les personnes qui connaissaient la totalité du Coran par coeur.


Tout naturellement, le Calife Abou-Bakar le chargera donc de réunir le Coran dans son ensemble.Mais le Calife, avec le scrupule qui le caractérise, tient à ce que les précautions soient prises: pour chaque verset, Zaid devra trouver au moins deux témoignages écrits, avant de l'inclure dans la copie définitive.Et le Calife demandera aux habitants de Médine d'apporter les fragments écrits qu'ils possèdent.Sur la totalité du Coran, la tradition nous apprend que seuls deux versets ne se trouvèrent par écrit que chez une seule personne.Cette copie appelée Mushaf (feuilles réunies), sera conservée par le Calife Abou-Bakar et après lui par son sucesseur Omar.
Pendant ce temps, l'enseignement du Coran est encouragé dans tout l'empire musulman, qui ne cesse de s'accroître.Omar, toujours perspicace, entrevoit le besoin d'envoyer des copies du Mushaf dans les principaux centres, afin d'éviter tout risque de déviation, et d'erreurs de prononciation dans les pays non-arabes. Mais il n'en aura pas le temps, et c'est le troisième Calife Osman qui s'en chargera.
Il demandera à une commission présidée par le même Zaid ibn Thâbit d'établir sept copies à partir du Mushaf, en autorisant la révision de l'orthographe dans le sens d'une plus grande lisibilité du texte, en particulier pour les non arabophones.
Après lecture publique de la nouvelle édition devant les savants du Coran que compte Médine, ces copies sont envoyées aux quatre coins de l'empire, avec ordre du Calife de détruire tout texte ne correspondant pas au texte officiel. En effet, certaines divergences existaient du fait d'erreurs de copie, ou encore de la prise en compte d'un commentaire comme faisant partie du texte.Et il importait que ces textes inexacts soient détruits.

Le Coran de Othman ibn 'Affan est considérée comme la plus ancienne copie du Coran au monde. Elle est réputée pour avoir gardée une trace de sang de Othman, il fut le troisième calife musulman.

Ce manuscrit est conservé à la bibliothèque de la mosquée Telyashayakh dans le vieux quartier "Hast-Imam" de Tachkent en Ouzbékistan.

Copie du Saint-Coran de Othman ibn 'affan  


Des copies envoyées par Osman, il en reste de nos jours une complète, que l'on peut admirer au musée Topkapi d'Istanboul, et une autre ou il manque quelques feuillets à Tachkent. Et entre ces copies et les millions d'exemplaires éditées de nos jours, aucune différence ... Ou plutôt si, une différence existe, quant à l'orthographe, en effet, à l'époque de la révélation, l'écrit venait à peine de faire son apparition. Pour les vingt huit lettres que compte l'alphabet, seuls quinze signes différents existaient. Ainsi le "b", le "t", le "th", le "n" et le "y" avaient presque la même façon de s'écrire et n'étaient pas différenciés par ce qu'on appelle des signes diacritiques, les points sur ou sous les lettres en arabe, les accents en français. On reconnaissait donc les lettres selon le contexte, leur emplacement dans le mot. De même, si en arabe, les voyelles longues sont représentées, les voyelles courtes et d'autres signes ne le sont qu' exceptionnellement, quand il y a ambiguité. Ce sont en effet les fonctions grammaticales des mots qui permettent de les deviner. Tel est encore le cas dans l'arabe écrit courant. Cette écriture ne permet donc pas à une personne non arabophone de lire le texte phonétiquement.
Le Coran bénéficia donc jusqu'à la deuxième moitié du premier siècle de l'Hégire de différentes réformes orthographiques pour être tel que nous le connaissons actuellement.